Définition syndrome Korsakoff

Souvent la personne se présentant pour un syndrome de Korsakoff est connue pour alcoolisme chronique avec des complications diverses dont une encéphalopathie de de Gayet-Wernicke.  Cette dernière se caractérise par des épisodes de confusion mentale, de désorientation spatio-temporelle et de troubles de l’équilibre. Lorsque cette condition est non ou mal traitée, elle aboutit à un syndrome de Korsakoff. Rarement, le syndrome de Korsakoff peut apparaître d’emblée sans encéphalopathie précédente.

Le patient atteint de syndrome de Korsakoff  présente au premier plan des troubles sévères de la mémoire avec oubli des dates et des lieux et même des personnes qu’il a beaucoup de mal à identifier. Cette amnésie antérograde est associée à de fausses reconnaissances et des fabulations.

 

Comment se fait le diagnostic

Le diagnostic du syndrome de Korsakoff est un diagnostic clinique basé sur une évaluation clinique détaillée, un recueil exhaustif des antécédents médicaux et d’autres tests de laboratoire :

– Bilan biologique : bilan standard, bilan de la fonction hépatique. Ces examens biologiques de routine permettent d’exclure d’autres causes.

– Dosage de la vitamine B1 ou thiamine dans le sang : ce  dosage permet d’aider au diagnostic.

Il est recommandé d’interroger toute personne se présentant pour des troubles de la mémoire ou d’autres troubles cognitifs sur sa consommation d’alcool.

De même toute personne souffrant de problèmes liés à l’alcool devrait faire l’objet d’un dépistage pour les troubles cognitifs et de la mémoire, et ce à travers des tests cliniques d’évaluation de la mémoire récente.

– Des examens d’imagerie cérébrale peuvent montrer des changements cérébraux indicatifs du syndrome de Korsakoff mais ne peuvent pas le confirmer.

Au final, le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et radiologiques qui doivent être confrontés ensemble et est généralement aisé.

 

Evolution

Il y a peu d’études qui montrent l’évolution des  patients atteints d’un syndrome de Korsakoff sur le long terme. Selon les données disponibles, 25 % des personnes atteintes de ce syndrome s’améliorent sans se rétablir complètement. 25 % restent dans un état inchangé.

 

Les causes du syndrome de Korsakoff

La thiamine aide les cellules nerveuses du cerveau à produire de l’énergie à partir du glucose (le sucre). Quand les niveaux de thiamine deviennent trop bas, les neurones n’ont plus la capacité de produire l’énergie nécessaire à leur bon fonctionnement. La transmission des signaux neuronaux se trouve ainsi compromise et perturbée ce qui entraîne des dommages cérébraux notamment au niveau des mécanismes de stockage et de  récupération des souvenirs.

Le syndrome de Korsakoff est souvent causé par un alcoolisme chronique mais peut aussi être associé au Sida, aux cancers métastatiques, aux infections chroniques et à une mauvaise alimentation et bien d’autres conditions.

Il peut aussi se voir chez les personnes souffrant de certaines maladies de malabsorption (le corps n’absorbe pas correctement les nutriments). Ceci se produit dans certaines maladies chroniques ou en cas de geste chirurgical pour perdre du poids (chirurgie bariatrique).

Certaines caractéristiques génétiques peuvent influer le risque de survenue du syndrome de Korsakoff.

D’autres conditions peuvent favoriser la survenue de ce syndrome telles que l’anorexie, les régimes trop stricts, le jeûne, la famine et les vomissements incontrôlés.

 

Symptômes de Korsakoff

Le syndrome de Korsakoff entraîne des troubles dans le processus d’apprentissage des nouvelles informations avec une incapacité de se souvenir des faits récents. A long terme, se développent de véritables lacunes de mémoire.

Les troubles de mémoire au cours du syndrome de Korsakoff peuvent être très sévères alors que les autres capacités cognitives et sociales peuvent rester inchangées. Ainsi, le patient peut sembler mener une conversation tout à fait cohérente alors qu’un peu plus tard, il serait incapable de se souvenir que la conversation a bien eu lieu ou avec qui il a discuté.

Autre signe marquant, les personnes atteintes de ce syndrome peuvent fabuler ou inventer de faux souvenirs. Ce n’est pas comme une sorte de mensonge mais elles peuvent croire à leurs fabulations.

Le mécanisme de ces fabulations n’est pas encore bien compris par les scientifiques.

 

La prise en charge thérapeutique

Pour prévenir la survenue d’un syndrome de Korsakoff, certains experts recommandent aux gros buveurs et aux personnes à risque de carence en thiamine de prendre des compléments oraux à base de thiamine et d’autres vitamines sous la supervision de leur médecin.

Aussi toute personne ayant des antécédents de forte consommation alcoolique et présentant des signes d’encéphalopathie de Wernicke (confusion aiguë, nausées, vomissements prolongés, fatigue inhabituelle, fièvre ou baisse de la tension artérielle) doit recevoir un traitement injectable à base de thiamine jusqu’à amélioration clinique. Ensuite, une fois les signes cliniques améliorés, une évaluation soigneuse doit être effectuée en examinant les antécédents médicaux de la personne, sa consommation alcoolique et l’état de sa mémoire dans l’objectif de déterminer le risque et la possibilité d’un syndrome de Korsakoff.

Le traitement du syndrome de Korsakoff consiste à administrer de façon prolongée de la thiamine par voie orale, des vitamines et du magnésium. Ceci permet d’augmenter les chances d’amélioration des signes.

Une prise en charge des autres carences alimentaires est nécessaire et impose souvent un long séjour du patient dans un service adapté.

Les autres piliers du traitement sont l’abstention alcoolique et le maintien d’une bonne alimentation équilibrée de point de vue nutriments et vitamines.

Les personnes présentant un syndrome de Korsakoff doivent être prises en charge pour d’autres complications éventuelles liées à l’alcool (hépatiques, vasculaires etc) et si elles ne présentent pas ce type de complications un dépistage et une prévention efficaces doivent être mis en route.

 

Comment accompagner un proche atteint du syndrome de Korsakoff

Accompagner un proche atteint du syndrome de Korsakoff nécessite l’aide d’une équipe professionnelle pluridisciplinaire avec une surveillance régulière. En effet, au début et au cours de la la phase aiguë du syndrome, le patient est souvent pris en charge et est hébergé dans un service de long séjour et de réhabilitation. Le retour  à domicile nécessite l’aide de plusieurs intervenants dans le but de maintenir l’état d’abstinence à l’alcool, d’aider le patient sur le plan psychologique, de lui faciliter les actes de la vie quotidienne et de l’aider à retrouver le meilleur niveau d’autonomie possible. Voici quelques lignes directrices sur l’accompagnement d’un patient atteint du syndrome de Korsakoff :

– Communiquer avec le patient de manière permanente en renforçant sa mémoire et en l’aidant à se souvenir des faits oubliés afin de lui restituer la bonne version

– Aider le patient dans sa démarche d’abstinence alcoolique avec l’aide d’une équipe d’addictologie spécialisée

– Aménager le domicile du patient de manière à ce qu’il soit adapté à ses besoins

– Participer à la restauration et au renforcement de la mémoire du patient grâce à des affichages, des calendriers avec des photos et des couleurs si possible.

– L’équiper de certains objets d’aide au renforcement de la mémoire, tels que le minuteur, une montre avec un dateur, un porte-clé sonore, un carnet de mémoire etc.

– Soutenir et aider aux démarches d’apprentissage mises en place par une équipe de professionnels

– Encourager le patient à utiliser ses aides en évitant d’agir à sa place afin de favoriser son autonomie.

– Éviter d’adopter les attitudes d’infantilisation ou des ordres.

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